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L’ENFANCE

Saône, qui devait être un jour le saint curé d’Ars ; que Jean-Baptiste Vianney ne s’était pas laissé abattre, mais qu’il avait poursuivi son but humblement et généreusement ; que les facultés sommeillent parfois assez longtemps ; qu’à la fin elles s’éveillent ; et que, d’ailleurs, pour aller chez les sauvages, il n’était pas toujours nécessaire d’être un grand savant, pourvu que le Missionnaire fût un homme dévoué, sacrifié, persévérant, un homme de Dieu.

C’en était assez, comme bien l’on pense, pour ranimer le courage du futur apôtre et rallumer ses ardeurs. Henry n’oublia jamais cette intervention providentielle du bon prêtre. Lorsqu’en 1884 le P. Verjus fit un voyage en Savoie avant de partir pour les Missions, il rappela à M. Veyrat que c’était à ses encouragements de 1872 qu’il devait le bonheur du sacerdoce. Peu de temps avant sa mort, dans le dernier voyage qu’il fit à Annecy, comme, dans un repas, on l’avait loué de ses travaux apostoliques magnifiquement : « Monsieur l’abbé, dit l’évêque en répondant au toast, prenez pour vous une bonne part de tout ce que vous venez d’entendre. » Henry Verjus, s’il n’eût guère, comme on le verra plus tard, la mémoire de l’esprit, eut, à un rare degré, la mémoire du cœur. Au printemps de cette même année 1872, le 17 avril, à l’âge où l’Enfant Jésus entrait au Temple, Henry Verjus entrait à la Petite-Œuvre du Sacré-Cœur.