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OLEGGIO. SEYNOD. ANNECY

trices ferventes. Elles écrivirent à Issoudun en faveur de leur protégé. On décida qu’il serait bon qu’Henry connût les éléments de la langue latine. M. le curé de Seynod lui donna les premières leçons ; puis, Mme Verjus étant revenue habiter Annecy, l’écolier suivit les cours de la maîtrise de la cathédrale.

La porte de la maîtrise ne s’ouvrit pas d’elle-même : « Il n’y a pas une seule place, disait Mgr Magnin ; il n’y a plus un seul pupitre. — Oh ! qu’à cela ne tienne, Monseigneur ! répondit au bon évêque sœur Saint-François. Saint-Joseph, notre patron, était charpentier : il fera bien encore un pupitre. » Et la porte s’ouvrit.

Les commencements furent pénibles. Henry eut à lutter contre les difficultés de l’étude. Un instant même, on le découragea. Mais, le bon Dieu lui donna, dans la personne de l’un des professeurs, un ami perspicace et dévoué.

Écoutons M. l’abbé Veyrat[1] : « J’étais professeur de latin à la maîtrise d’Annecy. Un jour, Henry Verjus arrive dans ma chambre avec sa mère. Ils étaient désolés tous les deux. Quelqu’un avait déclaré que l’enfant était dépourvu de moyens et qu’il ne fallait pas songer à devenir prêtre. Henry désirait pourtant beaucoup entrer chez les Pères d’Issoudun, et la constatation, en quelque sorte autorisée, de son inaptitude, le jetait dans un vrai désespoir. En m’exposant sa peine, le pauvre enfant pleurait à chaudes larmes et sa mère aussi. Moi-même, je me sentis tout ému d’un pareil chagrin et je me dis qu’il n’était pas possible que Dieu eût mis dans l’âme d’un enfant un tel désir d’être prêtre, sans y mettre en même temps, au moins en germe, les qualités indispensables pour le devenir. » Et le clairvoyant professeur, pour relever le courage et raviver l’espérance, apprend à l’enfant que semblable décision avait été prise à l’égard d’un jeune berger de la vallée de la

  1. Aujourd’hui directeur d’un excellent journal, le Petit Savoisien.