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OLEGGIO. SEYNOD. ANNECY


vous ne savez point ce qui se passe dans le cœur de cet angélique enfant ; moi, je le sais. » Chaque année, le 5 avril, Henry Verjus ravivait au fond de son âme les inoubliables émotions de cette première journée eucharistique.

Le 29 janvier 1870, ce fut un grand deuil dans la famille Verjus. Le père venait de mourir. Un jour la pauvre veuve arrosait de ses larmes le travail de couture qu’elle tenait à la main, Henry détache de la muraille un crucifix et il le dépose sur les genoux de sa mère : « Regarde, maman ! Notre-Seigneur a plus souffert que nous. »

IV

Avec la mort, l’extrême pauvreté allait peut-être entrer dans la maison ; mais la Providence a veillé jusqu’à présent sur cette pieuse famille, elle ne l’abandonnera pas. Une personne charitable qui l’appréciait, la recommanda aux Sœurs de Saint-Joseph d’Annecy[1]. Il fut convenu que Mme Verjus irait avec ses deux fils habiter aux Molasses, la campagne des religieuses. Il y avait là une petite magnanerie. Mme Verjus soignerait les vers à soie. Le P. Vandel, missionnaire du Sacré-Cœur, dont le nom reviendra quelquefois dans cette histoire, faisant plus tard allusion à la vocation d’Henry, dira : « Les Molasses nous ont donné le plus beau cocon qui ait jamais paru. Cet

  1. Les religieuses de Saint-Joseph habitent l’ancien second monastère de la Visitation, y compris la maison de la Galerie, berceau de l’Ordre. Elles en ont fait une sorte de reliquaire. C’est là que, le 6 juin 1610, s’enfermèrent la baronne de Chantal, Mlle de Bréchard et Mlle Favre. Le lendemain, saint François y célébrait la messe et prononçait la clôture. Le surlendemain, consulté sur quel chant ses « colombes » reprendraient leur ramage et les louanges divines, le saint fondateur composa, séance tenante et de concert avec la Mère Jeanne de Chantal, celui que tous les monastères de l’Ordre ont pieusement conservé pour leurs offices.

    On sait qu’il n’évolue pas à travers de riches mélodies, n’ayant emprunté à la gamme que trois notes.