Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
L’ENFANCE

Henry était encore en robe que M. le curé de Seynod l’enrôla dans la Sainte-Enfance. Le soir du 28 décembre 1863, il rentrait tout joyeux à la maison : « Maman, je serai parrain d’un petit Chinois. » À partir de ce moment, il fit tous les jours quelque chose pour le rachat des infidèles, et déjà sa maîtresse, la sœur Louise, l’appelait « le petit missionnaire ».

En 1865, à la distribution des prix, on joua une pièce empruntée aux Annales de la Sainte-Enfance. Le rôle d’Henry consistait à prendre son repas à la mode chinoise, assis par terre, mangeant du riz à l’aide de morceaux de bois. Ils étaient six à ce banquet. Henry était le plus jeune. Il s’acquitta de son rôle avec un tel sérieux et un semblant d’appétit si naturel qu’on l’eût pris aisément pour un Chinois de Chine. Plus tard, il tint le rôle principal dans les petites comédies des jours de fête.

En 1867, le 10 juin, Mgr Magnin, évêque d’Annecy, se rendit à Seynod pour y bénir de nouvelles cloches et donner la confirmation. Henry, malgré son jeune âge, fut au nombre des confirmands. Il n’oubliera point cette date et, chaque année, ce jour-là, en action de grâce, il récitera le Veni Creator Spiritus. Ce fut lui qui complimenta Monseigneur. Sa bonne tenue et la netteté de son langage ne passèrent point inaperçues. Quelque temps après, il rencontra Mgr Magnin qui se promenait dans la campagne. Il l’aborde et lui récite ingénument un compliment qu’il avait fait à M. le Maire au jour des prix, non pas, bien entendu, sans changer le nom de l’officier municipal. Monseigneur fut charmé de la candeur et de la gentillesse d’Henry. Il lui prend la tête dans ses deux mains, le baise au front, le bénit et lui fait cadeau d’une belle médaille d’argent.

L’année qui suivit la confirmation, M. le curé de Seynod avertit Mme Verjus qu’il allait préparer Henry à la première communion. La mère se récria, objectant son âge, — il n’avait pas encore huit ans, — et son étourderie. « Laissez-moi faire, répondit le vénérable prêtre ;