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LA TERRE PROMISE

décrit en ces termes, dans une lettre à sa mère : « L’intérieur est divisé en deux chambres. Je suis dans la première. Vous voyez ma table à écrire. C’est le fond d’une caisse mis sur quatre jambes de bois. Derrière la table, se trouve mon petit autel. Là, tous les matins avec mon bon Jésus, je demande force et courage pour la journée et des grâces abondantes pour ma chère maman et toute ma bien-aimée famille. Que de fois déjà vos chers noms ont été prononcés à mon Jésus dans notre petite cabane ! Souvent, quand je suis seul et que mes deux Frères sont allés travailler, je me tourne vers mon crucifix et je lui parle de vous : « Mon cher Jésus, lui dis-je, c’est pour vous que « j’ai quitté ma chère maman, mon cher frère, tous mes « parents et amis ; ayez soin d’eux vous-même. » Et, j’en suis sûr, il ne vous oubliera pas, le Dieu bon, et vous êtes bien entre ses divines mains[1] ! »

Le 7 juillet, le bateau qui avait amené les trois Missionnaires s’en retourne. Quelques coups de fusil sur le Gordon, auxquels les Frères répondent du haut de la colline ; le salut du drapeau que fait le P. Verjus avec la bannière du Sacré Cœur, et, les voilà seuls en Nouvelle-Guinée… « Seuls ! écrit le Père dans son Journal, je me trompe : nous avons le bon Dieu avec nous et nos saints anges gardiens. Je suis heureux, d’ailleurs, de cette solitude qui se fait autour de nous. Nous étions presque attachés à ce bateau, dernier vestige de la civilisation. Nous voici maintenant séparés de tout. Mon bon Maître, je suis heureux de me sentir entre vos mains[2]. »

Quand ils ne virent plus le voilier, leur premier soin fut de s’agenouiller devant le petit autel et de renouveler leur acte de consécration au Cœur de Jésus et à Notre-Dame du Sacré-Cœur ; puis, le Père célébra la messe en actions de grâces. « Mes bons Frères coadjuteurs, écrivit plus tard l’intrépide Missionnaire, n’en pouvaient croire leurs yeux. Ils me regardaient, ébahis, comme pour me dire :

  1. 10 juillet.
  2. Journal, 7 juillet.