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XI

LA TERRE PROMISE

RABAO

I

Le voilà donc en Papouasie, le cher apôtre ! À sa mère, à son frère, à tous, et sur tous les tons, il redit, il chante son bonheur : « Aimé soit partout le Sacré Cœur ! Vive Jésus ! Je suis en Nouvelle-Guinée[1] ! » — « Me voici au milieu d’une île complètement sauvage. Autour de moi des noirs, des noirs, et toujours des noirs. De grandes forêts vierges ; des vallées ; des montagnes… La grande mer sous mes yeux. Le bon Dieu partout. Cela me suffit. Je suis heureux. Je suis heureux d’être dénué de tout et complètement entre les mains de Dieu. Je suis heureux dans ma pauvre cabane. Mon seul regret est de n’avoir pas encore le Saint Sacrement dans le beau tabernacle que je tiens d’une main si chère, de la main de mon bien-aimé frère. Si les sauvages, ce soir, voulaient me manger, ils pourraient facilement se payer ce plaisir qui en serait un plus grand pour moi que pour eux. Mais sur nous, Missionnaires, le bon Dieu veille[2]. »

Nous avons dit que la journée du 2 juillet fut employée à faire une cabane ; bien primitive, assurément ; toute en paille. Une cabane : le mot n’est-il pas ambitieux ? C’en était plutôt, comme dit le P. Verjus, le toit posé à terre. « L’air et la plaie y sont comme chez eux. » De même les moustiques. Impossible de dormir. On se lève. On fait du feu. Les moustiques se moquent du feu et de la fumée. Vive Jésus quand même ! Dans quelques jours on bâtira, en de bonnes conditions, une vraie maison. En attendant, le Père trace à la plume le dessin de sa cabane, et il la

  1. Journal, 4 juillet.
  2. Lettre à son frère, 12 juillet.