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OLEGGIO. SEYNOD. ANNECY

de tous. On l’avait surnommé le petit ange. » La première année de sa scolarité, l’enfant, à raison de l’exiguïté du local et de sa petite taille, fut installé sur le pupitre de la maîtresse. Si parfois la Sœur était obligée de sortir, c’était Henry qui surveillait. L’ascendant qu’il avait sur ses condisciples, maintenait le plus parfait silence. Mais, quand sonnait la fin de la classe, le grave surveillant prenait ses ébats plus joyeusement et plus bruyamment que pas un.

Qu’il fût turbulent et même étourdi, la chose est certaine. Son bon ange sans doute l’a plus d’une fois porté dans ses mains ; sans quoi, il eût été victime de ses imprudences. À Annecy, un jour de grand marché, il avise, sur la Place-au-Bois, une voiture, attelée d’un gros mulet, qui stationnait en face des Quatre-Colonnes. Tout droit, Henry va se placer sous l’animal. Comment faire, quand on est si petit, pour atteindre du front le Ventre du mulet ? Henry se met à sauter, en riant aux éclats. La bête commençait à perdre patience et à ruer, lorsque Jean, le frère aîné, qui était là, pousse un cri. Un domestique sort de l’hôtel, se précipite, arrache l’enfant... À l’instant même, le mulet s’emporte et s’enfuit dans une course furibonde. Quelques secondes de plus, Henry eût été écrasé.

Une autre fois, à Seynod, Henry aperçoit un nid dans un peuplier qui s’élevait au milieu d’une forte haie. Malgré la défense que lui en avaient fait souvent son père et sa mère, il grimpe au nid. Au moment d’y mettre la main, la branche qui le portait, casse. Le dénicheur tourne dans l’air et s’abat sur la haie. Son frère qui le croyait mort ou gravement blessé, essaie, tout tremblant, de le dégager des épines. Henry, voyant sa pâleur et sa frayeur, éclate de rire ; puis, tendrement : « N’aie pas peur, mon petit Jean, je ne recommencerai pas ; je ne désobéirai plus au papa et à la maman. »

Henry n’avait peur de rien ni de personne. Citons encore un trait ou deux qui mettront en lumière l’intrépidité du futur apôtre.