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MARSEILLE. EN MER. THURSDAY.

prêchent. Tous les dimanches, il y a messe solennelle. On chante. On prêche en espagnol et en anglais. Le vendredi, on se réunit pour le Chemin de la Croix. « Je vous assure que vous seriez bien touché de voir tous ces pêcheurs venir avec la plus grande simplicité baiser le crucifix comme on le fait le Vendredi saint. » Les catholiques manillois sont près de mille dans les diverses stations de pêche du détroit. Ils sont tout fiers d’avoir maintenant los Padres[1] avec eux. À chaque instant, ils vont les consulter et leur confier leurs joies ou leurs peines. Sitôt que les Missionnaires auront une barque qui puisse tenir contre la haute mer, ils iront les visiter tour à tour dans leurs diverses stations. »

On le voit, dès le premier jour, ils font, comme on dit, du ministère, et, à la grande joie de tous, il n’y aura point d’interruption. Des protestants de Thursday n’en reviennent pas et ils demandent : Quels sont donc ces étrangers ? À peine arrivés dans une île où personne ne les connaît, et dans quel état ! un état voisin de la misère, ils exercent de prime abord sur leurs coreligionnaires une autorité que n’ont point sur nous nos ministres. Quand ceux de Nouvelle-Guinée ou des autres îles descendent ici, ils ne font pas de service religieux. « Notre ministère auprès des Manillois, écrit le P. Verjus, commence à nous apporter quelques consolations. Tout dernièrement, le P. Hartzer a eu le bonheur de convertir et de baptiser un Japonais qui tient un hôtel. Le même jour, j’ai eu, moi aussi, la consolation bien douce de donner le baptême à un charmant petit noir de quatre ans et demi. Son père est un catholique manillois, aussi noir que sa femme qui est une sauvagesse du pays. Ils ont promis de valider leur mariage… Qu’il serait à désirer que nous eussions un petit hôpital ! Cela nous donnerait beaucoup de prestige dans tout le détroit et nous ouvrirait bien des portes pour aborder les diverses îles où nous voulons visiter nos catho-

  1. Mot espagnol : des Pères.