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À LA CONQUÊTE D’UN MONDE

voyage d’exploration et l’ont accompagné partout, eux seuls pouvant se faire comprendre des indigènes, ont obtenu, aidés sans doute de M. Chester, une loi qui défendait non seulement de s’installer en Nouvelle-Guinée, mais même d’y pénétrer ? Cette loi fut en effet promulguée. Tout capitaine qui oserait s’aventurer dans l’île ou y débarquer quelqu’un, était passible d’une amende de 40 livres sterling, soit mille francs. Seuls les ministres protestants avaient l’autorisation d’aller et venir à volonté.

Le P. Navarre était persuadé que cette loi, qui, selon toute apparence, n’était faite que pour les Missionnaires du Sacré-Cœur, ne devait pas les arrêter, et il se promettait bien de passer outre à la première occasion. Il savait d’ailleurs, pour l’avoir entendu de sa bouche à Sydney, que le nouvel administrateur de la Nouvelle-Guinée, le général Peter Scratchley, était bien disposé, quoique protestant, pour les prêtres catholiques. Dans un récent voyage à Rome, le général avait obtenu une audience du Pape et promis de protéger les Missionnaires catholiques qui se trouveraient sous son administration. Il avait même visité notre maison de la place Navone, encouragé les scolastiques aux Missions et renouvelé les promesses qu’il avait faites au Vatican et à la Propagande. Le P. Verjus, en ce temps-là à Rome, en avait informé le P. Navarre. Au surplus, à défaut et même à l’encontre des hommes, Dieu n’est-il pas là ? C’est lui qui soutient ses apôtres, les console et les conduit. Il saura bien, quand il le voudra, renverser devant leurs pas toutes les barrières et leur ouvrir les portes de la Nouvelle-Guinée. Pour le moment, n’étant que deux prêtres, et sans ressources, ils ne sont pas en état de tenter l’abordage.

Que faire en attendant ? Mettre à profit pour les âmes et pour Dieu, le temps présent : évangéliser Thursday et les autres îles du détroit de Torrès.

Dès le premier dimanche après leur arrivée, les Pères font un premier appel aux catholiques. La véranda et le salon de l’hôtel sont vite remplis. Ils disent la messe et