Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
MARSEILLE. EN MER. THURSDAY.

sionnaires romains : comment leur cacher l’ignorance et souvent l’inconduite de leurs catéchistes ?

Or, en ce temps-là, Mgr Cani, évêque de Rockhampton dans le Queensland, leur annonça, au cours d’une exploration, qu’il avait pu faire en Nouvelle-Guinée, que, bientôt, des Missionnaires catholiques et français allaient arriver. Leur anxiété fut grande. Dès lors, ils mirent les sauvages en garde contre les nouveaux séducteurs. « Vous les reconnaîtrez à ce signe, leur disaient-ils, que dans la conversation ils répètent souvent le mot : oui. » Et ils les appelaient les « oui-oui ». Il est vraisemblable que M. Chester avait appris aux ministres la présence des Missionnaires papistes à Thursday, leur ferme intention de se rendre dans la grande île le plus tôt possible et la défense qu’il leur en avait faite. Est-il téméraire de conjecturer que ces messieurs, qui ont reçu l’amiral dans son

regarde la chose comme impossible ; mais il fait tout pour l’argent et s’étonne hautement que nous venions ici avec d’autres vues. Il avoue cependant que si le bien est possible, nous seuls pourrons le faire, et qu’il ne pourra pas nous résister. Pour tout arranger (et le R. P. Navarre croit que c’est le mieux pour le moment), il est convenu avec lui que nous irons où il ne sera pas, sauf Port-Moresby où il nous faut un pied-à-terre. — M. F. a son siège à Murray, petite île du détroit au N.-E. de Thursday ; il a là ce qu’il appelle son séminaire, où il instruit ses teachers ou catéchistes enseignants. Il les envoie, dès qu’ils sont formes, sur toute la côte ouest du golfe des Papous, spécialement autour de Fly-River.

« Le second ministre est M. L…, qui est en ce moment à Sydney, où il ramasse des fonds pour son œuvre. M. C… est son collaborateur. Leur siège est à Port-Moresby. Ils envoient des teachers depuis Aird-River jusqu’à la pointe est de la Nouvelle-Guinée. Ces messieurs paraissent à certains capitaines fort zélés pour le bien des noirs. Au fond, ils avouent eux-mêmes qu’ils ne convertissent personne. Tout ce qu’ils font est de faire habiller les sauvages, de leur apprendre à lire, à écrire et à montrer sur la carte les cinq parties du monde. Ils leur apprennent aussi des cantiques. Tout cela ne va pas loin, et nous conviendrions volontiers avec eux de leur laisser toute cette partie, pourvu qu’ils nous laissent les âmes. Mais cette entente n’est pas possible. D’autre part, ces messieurs voient bien qu’ils ne peuvent tenir devant la vérité. Dès que les blancs seront à Port-Moresby, ils ne pourront plus jeter la poudre aux yeux, et ils laisseront les noirs. Déjà M. F. parle de se retirer. M. L… et M. G… finiront leur temps cette année !… Fasse le Cœur de Jésus que nous arrivions à temps pour empêcher un plus grand mal ! »