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À LA CONQUÊTE D’UN MONDE

bénies de mon pauvre sang. Adieu ! Au revoir au ciel, près du Cœur de Jésus ! Oui, aimé soit partout le Cœur de Jésus ! Et vive Notre-Dame du Sacré-Cœur ! Mon Dieu, gardez vous-même ceux que je laisse pour vous. Consolez maman. Multipliez la Petite-Œuvre. » Le 21, le navire passe entre la Sicile et l’Italie : « Adieu, terre de la sainte Église, terre des saints ! Adieu, chère Rome, où j’ai passé des jours si beaux et si pleins ! ». Le 24, on stoppe à Port-Saïd : « Mon Dieu, quel bonheur ! J’ai vu la Terre Sainte, l’Asie, le pays de Notre-Seigneur et de Notre-Dame[1]. » À son frère : « Au commencement de la mer Rouge, nous aperçûmes de loin le mont Horeb et la fontaine que fit jaillir Moïse par miracle pour abreuver tout le peuple d’Israël qui se mourait de soif. On nous montra l’endroit à peu près où les Hébreux passèrent la mer Rouge, et, le soir venant, nous pûmes aussi contempler le mont Sinaï où Dieu donna la Loi. Quel beau spectacle que celui de cette montagne où Dieu daigna descendre pour nous instruire ! Que le monde serait heureux si cette Loi était scrupuleusement observée, si on en faisait la base des codes modernes !… Cette montagne bénie m’a tellement impressionné que j’ai voulu en tirer le plan vertical pour vous l’envoyer. Vous y verrez la coupe du mont derrière une première chaîne de montagnes qui bordent la mer. Entre ces deux chaînes se trouve la vallée où les Hébreux campèrent lorsque Dieu leur donna sa Loi[2]. » — « J’ai vu l’Afrique et ces pauvres Africains, esclaves du démon. J’ai vu ces pauvres Arabes et ces nègres qui me figurent mes chers sauvages. » À Aden, il voit des esclaves : « Ô chère mère, écrit-il, si vous les voyiez, ces pauvres ! Qu’ils sont à plaindre ! J’en ai vu une troupe. Ils étaient nus, dans la plus grande misère. Ils vinrent sur le bateau

  1. Dans une lettre au R. P. M. : « Alors apparurent le mont Horeb, la fontaine de Moïse et le majestueux Sinaï. Quel spectacle ! Je demeurai bien deux heures en profonde méditation devant cette montagne sainte. »
  2. Le 29 novembre. — Cf. aussi une lettre du 28 à M. le Dr Audibert.