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L’ENFANCE

binier conduit ses attelages à travers les rudes lacets de la montagne.

Dans la nuit du 19 au 20, on arrive à Saint-Michel en Maurienne. C’est là que l’on prendra le chemin de fer pour Annecy. Du bourg, un sentier conduit à la gare à travers une prairie. Le père marchait le premier, tenant par la main son fils aîné. La mère portait sur un bras le petit Henry et de l’autre un panier où étaient les langes de l’enfant. On a gardé le souvenir de cette nuit-là. Il était environ une heure du matin. Il n’y avait point de lune ; mais, dans le ciel sans nuage, des feux étincelants. Tout à coup la mère entend le bruit que fait l’eau en courant sur des cailloux. « Philippe, dit-elle, cherche donc le ruisseau. » A la clarté des étoiles, le père l’eût bientôt trouvé. La mère dépose Henry dans l’herbe et fait asseoir Jean à ses côtés. Le père les garde, tandis qu’elle lave le linge. « Ah ! disait-elle plus tard, les langes de mon Henry, je les ai autant lavés de mes larmes que de l’eau de Saint-Michel ! » Le soir même de ce jour, le père, la mère et les deux enfants couchaient à l’auberge des Quatre-Colonnes, dans Annecy.

II

Henry Verjus, le futur évêque de Limyre, naquit le 26 mai 1860, à sept mois, comme le doux évêque de Genève, saint François de Sales. On devine les soins assidus dont il fut pour ainsi dire enveloppé par sa mère ; mais, chrétienne toute pénétrée de la foi la plus vive, elle se dévoua plus encore à former l’âme de son enfant. Elle y réussit à merveille.

Presque aussitôt qu’il put marcher seul, Mme Verjus confia Henry à la sœur Louise de la Sainte-Croix, institutrice à Seynod, commune voisine d’Annecy, où la famille s’était fixée. « Je n’ai pas connu, lisons-nous dans les notes de la Sœur, d’enfant plus pieux, plus obéissant, plus exact et plus sérieux qu’Henry. Il était le modèle