Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
MARSEILLE. EN MER. THURSDAY.

d’être prêtre et Missionnaire du Sacré-Cœur. Écrivez à Marseille, à cette sainte personne qui pendant un mois m’a soigné avec tant de charité et de dévouement, pour l’amour de Dieu. Dites-lui que vous prierez pour elle et pour sa famille. Si vous pouvez aussi écrire à Issoudun, au R. P. Chevalier, mon général, vous me ferez grand plaisir. Remerciez-le de m’avoir envoyé en Mission. Dites-lui que vous êtes contente, que vous m’avez béni et que vous n’avez qu’un désir : c’est de me voir donner ma vie pour les âmes. Adieu, mère bien-aimée ! Je vous donne un baiser de mon cœur. »

III

À peine a-t-il mis le pied sur le navire qui l’emporte, le Yarra, qu’il écrit l’âme débordante : « Aimé soit partout le Sacré Cœur de Jésus, à jamais ! Notre-Dame du Sacré-Cœur, mille fois merci ! Vous m’avez exaucé. Purifiez mes intentions. Quelle journée que celle-ci ! Je l’ai vue enfin, cette heure bénie où le navire, se mettant solennellement en marche pour l’Australie, m’emportait vers ces rivages où je désire et espère verser mon sang pour la cause du grand roi persécuté à qui je veux rendre un royaume !… — Le départ a été bien pénible pour mon pauvre cœur. Le R. P. Jouët, Mlle Grandval et M. le Dr Audibert ont bien voulu m’accompagner à bord. Quelles émotions, mon Dieu, que celles de ce moment ! Le P. Jouët me bénit. Il veut aussi recevoir ma bénédiction. Le moment de la séparation arrive. Mon Dieu, je vous offre pour mes chères Missions le brisement de mon cœur. On part. Je récite le Magnificat et le Te Deum. Sur le môle, je vois pour la dernière fois mon vénéré Père supérieur, Mlle Grandval et M. Audibert. Je les salue. Je les bénis. Le R. P. Jouët me bénit aussi ; et, d’aussi loin que je puis les voir, je les salue encore. Adieu, Père bien-aimé ! Adieu, chère France ! Adieu, parents chéris ! Adieu, chers Pères et chers Frères ! Je ne vous verrai plus. Je vais chez nos sauvages, l’héritage de notre petite Société. J’espère arroser ces terres