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À LA CONQUÊTE D’UN MONDE

Elle commence, cette espérance, à se fonder aujourd’hui… Mais que je suis faible !… Pauvre Henry, reconnais donc une fois encore que tu manques de pureté d’intention dans ton désir des Missions. Voilà la raison de ma maladie. Puissé-je l’avoir bien compris !… » Après cet acte d’humilité, le Père laisse la reconnaissance envahir son cœur : « Comment décrire les soins dont je suis l’objet ? Mlle Grandval (la fondatrice de l’Œuvre admirable de Béthanie) me soigne comme une mère. Ses auxiliaires rivalisent de bonté avec elle. » À sa belle-sœur, il écrit le 12 novembre : « J’ai logé dans l’antichambre du Paradis. J’ai été soigné par de saintes femmes qui sont là, toute leur vie, pour servir les Missionnaires… Oui, la maison de Mlle Grandval est un vestibule du Ciel. » Le nom du Dr Audibert — une âme exquise, un savant — se grave dans sa mémoire pour toujours[1]. « Le R. P. Jouët me gâte. Quelle bonté a ce vénéré Père pour son pauvre enfant ! J’en pleure… » Et, en effet, une grosse larme a coulé sur son papier. « Aujourd’hui, fête de la Toussaint, on me permet pour la première fois de célébrer la sainte messe. C’est précisément l’anniversaire de mon ordination. Mon Dieu, que vous êtes bon ! et que ceux qui vous aiment, vous ressemblent ! Le R. P. Jouët m’a obtenu la permission de célébrer dans ma chambre. »

Les forces revinrent assez vite. Dès le 15, il songe au départ. Le 18, il écrit à sa mère : « Adieu ! Adieu ! Votre Henry part. Il part demain pour ses chères Missions ! Réjouissez-vous, mère chérie, car votre Henry va suivre Dieu. Consolez-vous donc : tout passe, excepté Dieu et ce que nous faisons pour Dieu. Je vous envoie mon portrait. Ma mère a le droit d’avoir au moins l’image de son cher enfant. En le regardant, dites au Cœur de Jésus qu’il fasse de moi un saint, que je sois humble et moins indigne

  1. Il lui écrira de Thursday, le 18 septembre 1888 : « Mes yeux se remplissent de larmes en vous écrivant. Je pense à tout ce que vous avez fait pour notre chère Mission et pour moi, et je ne sais comment vous exprimer ma profonde reconnaissance. »