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MARSEILLE. EN MER. THURSDAY.

aidez-moi. Tout pour vous ! Tout avec vous ! Tout en vous ! Je n’ai plus de confiance que dans la prière et le bon Jésus… Je jette, ô mon Dieu, toute ma vie passée dans votre divin Cœur. Si votre volonté, comme je le pressens, est que je souffre et que je meure, me voici ! Ecce venio. » Au matin du 17 octobre, en la fête de la bienheureuse Marguerite-Marie, il dit sa dernière messe à l’autel de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Les élèves de la Petite-Œuvre y assistaient. « Ces chers enfants, écrit-il, comme je les ai bénis avec bonheur ! » Le P. Couppé célébra la grand’messe. Mgr Marchai, archevêque de Bourges, était accouru pour bénir dans la personne des deux Missionnaires la Mission de Nouvelle-Guinée. En les embrassant pour la dernière fois, il leur glissa dans la main cinq cents francs. Le soir, le P. Verjus, le P. Couppé et cinq Filles de Notre-Dame du Sacré-Cœur partaient pour Marseille où trois Frères coadjuteurs, Mariano, Salvatore et Nicolo, conduits par le P. Jouët, les attendaient dans l’hospitalière et apostolique maison de Béthanie. Le 22, le P. Couppé, les trois Frères italiens, les cinq religieuses, s’embarquent pour l’Océanie. Le P. Verjus manquait à l’appel. Que s’était-il donc passé ?

Le lendemain de l’arrivée à Marseille, le pauvre Père tomba gravement malade de la fièvre typhoïde. Avant de se mettre au lit, il a le courage encore d’ouvrir son Journal et d’y écrire les lignes suivantes : « Mon Dieu, que votre très sainte volonté soit faite ! Je suis atterré par la douleur, mais je suis content que vous me demandiez le seul sacrifice qui soit pour moi un véritable sacrifice. Je devrai laisser partir mes frères !… et moi, rester ici ! Fiat ! Fiat ! de tout cœur ! »

Le 1er novembre, une sorte d’éclaircie se fait dans son âme en proie depuis dix jours aux ombres agitées de la fièvre et, pour un instant, il reprend la plume : « Mon Dieu, que le sacrifice a été dur ! J’ai vu passer au pied de mon lit mes Pères et mes Frères. Ils m’ont embrassé en pleurant, me laissant, il est vrai, une parole d’espérance.