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PRÉPARATION AUX MISSIONS

donner un jour tout son sang pour faire connaître à quinze millions de sauvages qui ne savent pas même son nom, notre religion sainte !… Quatre des nôtres vont partir après-demain. Qu’ils soient autant de charbons bien embrasés pour allumer le feu sacré en ces terres glacées où règne en souverain l’ennemi de notre bon Jésus[1] ! » — « Il me semble certain, quand je bois le Précieux Sang, qu’un jour je serai martyr. Mes chères Missions, mes chères Missions, toujours elles s’éloignent. Fiat, de tout mon cœur[2] ! » Et le cœur saignait, et, « cent fois par jour[3] », il renouvelait son sacrifice.

VI

La fin de l’année 1883 et la plus grande partie de l’année suivante, le frère Verjus les passa dans les fonctions de sacristain, comme nous venons de le dire, ou, si on le préfère, de chapelain de l’église de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Pour orner le temple, qui était très pauvre, il déploya tout son zèle ; il mit en œuvre les ressources de son imagination. Mais, comment le succès aurait-il répondu à sa bonne volonté ? Il eût fallu de l’argent, et il n’en avait pas. À telle solennité où les « richesses » de la sacristie s’étalaient sur les autels, sur les colonnes et sur les murs, l’église eût paru aux primitifs Océaniens magnifiquement décorée sans doute ; mais les Romains, accoutumés qu’ils sont aux splendeurs de leurs basiliques, se montraient froids, quelquefois même un peu railleurs.

Le P. Verjus fut plus heureux dans les fonctions spirituelles, notamment dans la prédication. Avant d’être prêtre, il avait dû, comme ses condisciples, composer des sermons en français, les apprendre et les débiter. Il lui fallait, disait-il, quatre mois pour ces sortes d’exercices : deux mois pour faire le discours et deux autres mois

  1. 18 décembre.
  2. 2 décembre.
  3. Journal, au 9 décembre.