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LE SCOLASTICAT

pas digne d’aller en Mission. » Telle est l’impression du dehors. Voici celle du dedans, telle que nous la trouvons dans les écrits du Père. Elle ne contredit pas la première, Elle la complète. « Je suis allé (après la lecture spirituelle) remercier le Sacré Cœur du peu de confiance qu’il a en moi. Le bon Maître m’a fait comprendre beaucoup de choses, ceci en particulier qu’il est très facile de se rechercher soi-même jusque dans le désir du martyre. J’ai vu pourquoi je suis refusé pour la deuxième fois. J’aurais dû comprendre plus tôt[1]. » Le lendemain et les jours suivants : « Ce n’est pas bien : j’ai été un peu triste aujourd’hui… Cependant je suis arrivé à remercier de tout mon cœur Notre-Seigneur de cette épreuve. Oui, mon Jésus, je vous aime davantage depuis que vous me frappez dans l’endroit le plus sensible de mon âme. Je n’ai de précieux que les Missions : il est bien juste que je vous fasse le seul sacrifice que je puisse vous faire… Je suis consolé lorsque je pense à la messe de tous les matins[2]. »

Dans une lettre à l’aumônier des Victimes, il s’épanche plus longuement : « Demandons ensemble l’union de plus en plus intime avec l’Enfant Jésus. Demandez cette grâce pour le pauvre P. Verjus, pauvre mendiant plus pauvre que jamais… J’étais destiné à partir pour les Missions. Tout était prêt. L’ordination était faite. Tout était réglé. Je ne me possédais plus de joie. Bravo ! disais-je, elles ont bien prié, nos chères Victimes ! Et voilà qu’au moment de partir arrive un contre-ordre. Et le pauvre P. Verjus qui déjà se voyait un pied sur le navire et déjà s’envolait vers les chers sauvages, il lui faut rester et attendre. Vive le Cœur de Jésus qui sait, si bien frapper à l’endroit sensible ! Aidez-moi à le remercier. Mon désir va s’enflammer de plus en plus, comme si Notre-Seigneur voulait augmenter ce sacrifice que je dois renouveler à tout moment. Vive Jésus ! Je ne puis croire que je ne serai pas exaucé. Ô bon Père, dites ! quel bonheur de

  1. 19 novembre.
  2. 20 novembre.