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PRÉPARATION AUX MISSIONS

Sydney le 4 octobre. Ils avaient quitté Béridni le 30 juin.

Au récit de tous ces malheurs, le P. Verjus n’avait plus qu’une idée en tête, qu’une aspiration au cœur : aller rejoindre le P. Navarre. C’est le 15 novembre qu’il apprend ces nouvelles. On lui dit en même temps qu’il y aura un départ de Missionnaires le 21 décembre. À coup sûr, cette fois, il en sera. C’est pour cela qu’il a été ordonné prêtre. Il n’a plus qu’à faire ses derniers préparatifs, à recueillir ses trésors : son catéchisme, ses notes, ses cartes, ses outils. « Voilà huit jours, écrit-il à l’aumônier d’un monastère de religieuses italiennes vouées à la pénitence, que j’ai eu l’immense bonheur et l’honneur sans égal d’être ordonné prêtre… Maintenant je puis quelque chose pour le Cœur de Jésus. Il ne me reste plus qu’une grâce à obtenir, c’est de m’en aller aux pays sauvages pour y travailler, et pour y verser, s’il le faut, tout mon sang. Vous comprenez que, pour obtenir une telle grâce, je ne veux rien moins que toutes les prières de nos chères Victimes. Oh ! si vous pouviez voir combien mon désir est ardent et combien ma confiance est grande dans les prières des Victimes du Cœur de Jésus, vous n’auriez pas de repos avant de m’avoir obtenu cette grâce[1] ! » Enfin l’heure vers laquelle son âme courait, comme il n’y a, dit l’Ecriture, que les géants qui courent, l’heure dont on peut bien assurer qu’il avait faim et soif, l’heure du départ va sonner. Le 19 novembre, à la lecture spirituelle, le P. Jouët proclame les noms des Missionnaires qui vont aller au secours du P. Navarre et de ses compagnons. Le P. Verjus sent battre dans sa poitrine son cœur, comme jamais peut-être il n’a battu. Le P. Verjus n’en est pas. Le P. Verjus restera à Rome, à l’église, en qualité de prêtre-sacristain. Pendant plusieurs jours, il ne fit que pleurer, nous écrit un témoin. On avait beau lui redire que son bonheur n’était que retardé et qu’il partirait l’année suivante, rien ne le consolait. « C’est fini ; le bon Dieu ne veut pas de moi. Je ne suis

  1. 8 novembre 1883.