Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
PRÉPARATION AUX MISSIONS

Ma joie est ineffable. Cette retraite sera pour moi la retraite des retraites, la retraite de l’amour. » Nous savons, par une note de son Journal, qu’il a écrit presque en entier toutes les méditations de cette « retraite de l’amour ». Malheureusement, ce manuscrit, comme beaucoup d’autres, n’est pas entre nos mains. Où est-il ? Encore une citation : « Je commence à comprendre (il est temps !) que Jésus-Christ Notre-Seigneur est le centre de tout, que le prêtre est son lieutenant sur terre, qu’il doit surtout prier pour ceux qui ne prient pas… O mon Dieu, faites-moi comprendre ce que c’est qu’un prêtre. J’aurai beau lire et méditer ; si vous ne parlez vous-même, temps et peine perdus. O Jésus, grand prêtre, autel, victime ! Dites-moi ce que vous êtes. Dites-moi ce que je serai par votre grâce dans un jour… La crainte envahit mon cœur ce soir. Si j’allais devenir un mauvais prêtre, ou seulement un prêtre médiocre ! Oh ! non, mon Dieu ; plutôt mourir ! »

Le lendemain, 1er novembre, il fut ordonné dans la chapelle du Vicariat général. Le soir, il écrivait :

« 1er novembre 1883 !

« A Domino factum est istud et est mirabile in oculis nostris ! — De stercore erigens pauperem ! — Fecit milii magna qui potens est ! — O Domine, quia ego servus tuus ! — Da, Domine, quod jube et jube quod vis ! — Fac ut istud portare sic valeam quod consequar tuam gratiam[1] ! »

« Mon Dieu, voyez ce que vous avez fait ! Mon cœur tourbillonne en ce moment. Je ne puis rien écrire. Demain, je serai plus calme. Ecce ego, Domine, ut faciam voluntatem tuam.

« Ce sont les premières lignes écrites par mes doigts consacrés. »

Le 18 novembre, dans cette lettre à un ami, à laquelle

  1. C’est le Seigneur qui a fait cela, et la merveille est sous nos yeux. — Du fumier il a élevé le pauvre. — Il a fait en moi de grandes choses, Celui qui est puissant. — O Dieu, je suis votre serviteur. — Donnez, Seigneur, ce que vous ordonnez, et ordonnez ce que vous voudrez. — Faites que je puisse porter mon sacerdoce de manière à obtenir votre grâce.