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LE SCOLASTICAT

voudrais lui parler continuellement. Je me sens de plus en plus attiré à l’esprit de recueillement, d’oraison, à la vie de foi. — Pour être bon prêtre, il ne faudrait vivre que pour dire la messe. » Pendant sa retraite, le Frère entend le supérieur demander à un évêque en visite à la maison[1] une bénédiction spéciale « pour un pauvre enfant qui va être prêtre et qui, sitôt après, doit partir pour les Missions lointaines ». « C’est alors, écrit-il, que j’éprouvai une émotion dont le souvenir restera toute ma vie gravé dans ma mémoire… Je vis, d’un coup d’œil, tous mes vœux exaucés ensemble. Je vis la bonté, la providence admirable du Cœur de Jésus. En un mot, j’étais en Paradis ! » Le frère remonta dans sa petite « chambre des Missions » et les larmes coulèrent à flots. « Je me mis à pleurer comme un enfant. C’était trop. Mon Dieu ! Bonne Mère ! Oh ! que je ne vous trahisse pas !… Mon cœur bouillonnait. Je me sentis comme transporté dans un nouvel horizon. O mon Dieu, je suis donc exaucé. Je ne vous demanderai plus rien que le martyre, désormais. Je n’importunerai plus vos oreilles par ma prière perpétuelle : La prêtrise et les Missions ! car je serai prêtre : on s’en apercevra en Purgatoire ; et je serai Missionnaire : le diable en aura des nouvelles en Mélanésie. Vive Jésus ! Lui seul est bon. Vive Marie ! » Dans ses entretiens avec le Père supérieur, le retraitant médite quelques-unes des paroles du Pontifical, celles-ci par exemple : « Accedant qui ordinandi sunt : Qu’ils s’approchent, ceux qui doivent être ordonnés ! » Paroles bénies, depuis si longtemps attendues, elles vont retentir. Accedant ! Et qui donc ose m’appeler à ce ministère terrible ? C’est Jésus ; c’est le Cœur compatissant de Jésus. C’est Marie qui, depuis douze ans, me poursuit de ses grâces. C’est la Société des Missionnaires du Sacré-Cœur ! Oh ! que j’aime cette pensée. C’est notre chère petite Société qui m’appelle. C’est aussi la Nouvelle-Guinée qui m’appelle. O mon Dieu, c’est assez ! c’est assez !

  1. Mgr de Périgueux.