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PRÉPARATION AUX MISSIONS

j’étais tout hors de moi ! Enfin, pour le moment, il s’agissait de fêter nos nouveaux profès…

« Son Éminence le Cardinal-Vicaire et Sa Sainteté elle-même contribuèrent à rendre cette fête des plus touchantes. Ce fut réellement une journée d’or.

« Mais, voici que commencent les difficultés. Il s’agit d’abord de fixer le jour de l’ordination. On confie l’affaire à la Providence, et le premier novembre est le jour déterminé. Quinze jours donc devant soi pour obtenir quatre dispenses et faire dix bons jours de retraite. Enfin, malgré les sages lenteurs de Rome, le R. P. Jouet mena tout à bonne fin. Il ne s’agissait donc plus que de la retraite. Je la désirais beaucoup. C’est vous dire qu’elle fut bonne. C’est certainement la meilleure retraite de ma vie… Les jours s’écoulèrent tantôt rapides, tantôt longs, selon que, suivant l’expression de sainte Thérèse, il me fallait tirer l’eau de la grâce à tour de bras ou que le Ciel arrosait lui-même le jardin de mon âme[1]. Que d’actions de grâces je dois au Sacré Cœur pour cette retraite ! »

Excellente retraite, en effet, et dont le Journal nous apporte des échos vibrants. Plus de raisonnements. Des élans, des soupirs, des coups d’aile, des feux et des flammes. « Être prêtre, c’est être Jésus. — Le bon Jésus (après ma confession générale) a signé la paix avec son pauvre serviteur qui a promis de ne plus vivre que d’amour. — Je me sens tout à l’aise avec le bon maître. Je

  1. Dans cette même lettre, il dit son contentement d’avoir un peu compris M. Olier et le P. de Condren sur le sacerdoce ; puis il apprécie en ces termes une nouvelle Vie de sainte Thérèse : « C’est, sous tous rapports, un vrai chef-d’œuvre. Elle fait aimer la sainte autant que les autres la faisaient peu comprendre. On ne peut la lire sans être captivé… Je prétends, mon bon Père, ne pas pouvoir vous témoigner plus d’attachement pour votre avancement spirituel qu’en vous souhaitant de lire un jour cette Vie. Puisse-t-elle vous faire autant de bien qu’elle en a fait à notre petite communauté et à votre frère en particulier ! Je la relis avec grand profit, selon notre méthode d’autrefois, la plume à la main. » Nous avons lieu de croire qu’il s’agit de l’Histoire de sainte Thérèse d’après les Bollandistes, ouvrage anonyme qui a pour auteur, si nous sommes bien informé, une religieuse du Carmel de Caen. Paris, Retaux.