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PRÉPARATION AUX MISSIONS

vous faire aimer, si je dois être un jour votre martyr, oh ! que je me relève, changé, transformé, converti, ne pensant plus qu’à votre gloire et aux moyens de la procurer par l’anéantissement de tout moi-même !… » Au cours de sa retraite, dans les moments libres, il lit la Vie de saint François Xavier. Elle le remue « profondément ». Elle lui fait du bien, « un bien immense ». Une fois diacre, il pourra souhaiter Dieu à ses frères : « Que le Seigneur soit avec vous ! » Il pourra aussi leur prêcher Dieu. Quel honneur et quelle joie ! En retour, le diacre doit être dans la disposition de donner sa vie pour Dieu. Oh ! que le Seigneur est bon, puisqu’en faisant du martyre une sorte d’obligation au diacre, il répond au plus intime, au plus ardent, au plus persévérant désir du cher retraitant !

Ces aspirations vers une fin sanglante ne seraient qu’un rêve de l’imagination, un rêve dangereux, si l’aspirant-martyr ne pratiquait les vertus de l’heure présente. Or, elles se peuvent ramener toutes à l’humilité. C’est donc l’humilité qui sera le fruit de cette retraite. « J’ai vu tomber, écrit le frère Verjus, les cèdres du Liban. J’ai vu disparaître de notre chère petite Société des hommes que j’estimais à cause de leur science et de leur vertu. Il faut donc, si je veux persévérer dans ma vocation sublime, que je m’attache sérieusement à la vertu d’humilité. À quoi me serviront mes études, mes travaux ? Le martyre même, à quoi me servira-t-il, si je ne suis humble de cœur ? » Il renouvela toutes ces résolutions et prières durant la prostration. Et maintenant, vive Jésus ! Le voilà diacre. Quand sera-t-il prêtre ?

Au matin du 17 octobre, en la fête de la bienheureuse Marguerite-Marie, il écrit : « Joies inexprimables ! Le bon Jésus seul qui les envoie peut les comprendre ! Aujourd’hui, le R. P. Jouet, au nom du T. R. Père supérieur général et de toute notre chère petite Société, m’a appelé au sacerdoce !… Malgré mon indignité notoire, me voici donc au terme de mes vœux les plus ardents !… Et tout cela, en vue de mes chères Missions ! Je ne sais plus que dire :