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PRÉPARATION AUX MISSIONS

Mère de douleur. Souvent, dans le cours de la sainte enfance de Jésus, Marie avait senti le Cœur de son Fils battre contre le sien ; et sa chaleur divine l’avait pénétrée d’une inexprimable tendresse pour l’humanité dont elle devait être la Mère. Mais c’est au pied de la croix qu’elle a reçu, de la parole du Rédempteur, la consécration solennelle de sa sublime maternité ; et la blessure du Cœur divin, s’ouvrant sous son regard, en fut comme le sceau sanglant.

« Heureux êtes-vous, disais-je à ces jeunes prétendants du sacerdoce et du martyre, heureux êtes-vous de recevoir, sous de tels auspices et un tel patronage, la sève et la couronne apostoliques ! Et comme ils vous préparent à cette glorieuse conquête des âmes à laquelle la Providence vous destine !

« Deux de vos compagnons déjà sont morts, consumés en quelque sorte par le martyre de désir[1]. Quel gage pour vous-mêmes d’un apostolat généreux et fécond !

« Heureux êtes-vous donc, dans ces temps douloureux où tant d’âmes baptisées apostasient, d’être choisis de Dieu pour aller porter aux régions les plus déshéritées le baptême avec l’Évangile, et donner à Notre-Seigneur Jésus-Christ des âmes remplaçant celles qu’il a perdues ! Conquérir des âmes au divin Maître, préparer, au prix de la vie peut-être, l’avènement du règne de Jésus-Christ, c’est là l’idéal de la foi et de la gloire chrétiennes. Et cette grande œuvre en porte une autre avec elle. Par cette évangélisation nouvelle et lointaine, vous rachetez les fautes commises dans la vieille Europe par la Fille aînée de l’Église. Chaque âme que vous gagnerez en Océanie sera un gage de rédemption pour la grande et malheureuse nation que l’Esprit du mal tente si violemment ; car c’est grâce à l’apostolat français que la France gardera la foi catholique. Soyez-en bénie mille fois, jeunesse avide de fatigues et de sacrifices ! Que Dieu soit toujours avec

  1. Octave de Brinon et William Neenan.