Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
PRÉPARATION AUX MISSIONS

Personne ne pourra m’empêcher de me dévouer, de souffrir et d’aimer. Et vous ferez le reste ! O mon Dieu, des âmes, encore des âmes et toujours des âmes[1] ! »

La pensée des Missions le hante tellement qu’il en rêve. Le 15 avril 1883, il a vu à Rome les pèlerins de Terre Sainte. Missionnaire aux pays sauvages, ne sera-t-il pas pèlerin perpétuel ? « Je ne veux plus, dit-il, me donner de repos ici-bas. Au ciel on se reposera. » La nuit suivante, il rêve qu’il part, à pied. L’Enfant Jésus vient à sa rencontre et lui dit : « Je m’en vais avec toi. » Et il prend dans ses bras le divin Enfant. « Il était, dit-il, très léger. À ce moment je pensais que j’avais le même bonheur que saint Stanislas. Ce n’était qu’un rêve. O bon Jésus, ce matin, à la communion, c’était la réalité. Comme je vous ai caressé[2] ! »

En tête de son Journal, au 30 juillet, le frère Verjus écrit : « Grand jour ! » Mgr Salvado, fondateur de la Nouvelle-Nursie, était à la maison. « Il y avait si longtemps que je lisais et relisais, en y trouvant un sel nouveau, les écrits, les lettres et les hauts faits de ce, grand Missionnaire. J’avais conçu un désir très ardent de le voir et de lui parler… J’ai eu ce bonheur. J’ai vu cet homme incomparable qui a vaincu autant de difficultés qu’il a passé d’heures en Mission et qui s’est si bien vaincu lui-même… Oh ! combien je désire imiter ce saint homme ! Sa parole est grave. Il rit peu. Les épreuves l’ont détaché de la terre. Il semble perdu en Dieu et ne penser qu’à sa chère Nouvelle-Nursie. Un sourire mélancolique où se peint cependant la douce joie de celui qui a fait le bien, effleure ses lèvres lorsqu’on lui parle de sa Mission, lorsqu’on lui cite des noms qui lui sont chers. Ses conseils sont pleins d’une sagesse admirable. « Ah ! s’écria-t-il, « lorsque je fis allusion à son aventure au milieu du marais où il perdit ses bagages, c’est beau à lire ; mais « quand on y est !… » Mgr Salvado revint à la maison et

  1. 10 et 11 août 1883.
  2. 15, 16 et 17 avril.