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IX

LE SCOLASTICAT

(Suite.)
PRÉPARATION OFFICIELLE AUX MISSIONS. — LA PRÊTRISE

I

Depuis le départ du Barcelona, on peut dire que le Frère n’a pas cessé de vivre à bord du navire et de voguer à travers les océans. Que sont devenus les chers apôtres ? Où sont-ils ? Que font-ils ? Est-ce qu’enfin ils ont vu de leurs yeux la Nouvelle-Guinée ? Comment expliquer leur long et douloureux silence ? Au moindre bruit, le Frère prêtait l’oreille et son cœur tressaillait… Les premières nouvelles furent tristes. On croyait déjà les Missionnaires au milieu de leurs sauvages, et ils étaient, comme nous l’avons raconté, à Manille. Depuis lors, rien de certain. Des rumeurs poignantes. « Un Dominicain, à qui nos Pères ont confié, à Manille, leurs lettres pour Issoudun et pour Rome, aurait appris, en arrivant à Port-Saïd, le naufrage de deux navires partis pour Batavia. Or, nos Pères lui avaient assuré qu’ils allaient se mettre en route pour cette ville. Les naufragés du premier navire se sont tous sauvés. Une partie des passagers du second sont noyés. O mon Dieu, quelles cruelles incertitudes ! O Notre-Dame du Sacré-Cœur, est-ce ainsi que vous abandonnez vos enfants ? Souvenez-vous donc que vous êtes leur Mère, qu’ils sont partis pour vous, pleins de confiance en vous… Donnez-leur du courage et sauvez-les[1]… » — « La pensée que nos chers Missionnaires sont dans l’épreuve ne me sort plus de la tête. Pauvres Pères et Frères ! Que ne suis-je avec eux pour partager leurs souffrances et les adoucir, en me faisant leur serviteur bien aimant !… Oh ! oui, je les aime davantage, maintenant qu’ils sont contredits par le démon

  1. 13 janvier 1882.