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ROME

de loin son confesseur. Le visage tout illuminé des splendeurs de l’extase, il envoyait à ce bon prêtre des baisers et des sourires. Rendons-nous dignes des sourires et des baisers du saint. Appelons-les par notre humilité, par notre esprit de pauvreté et de mortification. Cherchons enfin et toujours le royaume de Dieu, et le reste nous sera donné par surcroît. « J’ai vu là, écrivait le frère Verjus au sortir de la cérémonie, ce que peut la parole du véritable apôtre, quand il sent ce qu’il dit. »

Une seconde fois, Mgr Mermillod ouvrit ses lèvres d’or, non plus à l’église, mais dans l’intimité du scolasticat. Il répondait à un compliment en vers latins d’un parfum classique et, ce qui vaut mieux encore, tout embaumé de reconnaissance. « Ici, lisons-nous dans la correspondance de l’Univers, le prélat d’Hébron a été tantôt grave, tantôt familier, parfois s’inspirant aux pensées fortes du sacerdoce, parfois cédant aux douces émotions du cœur. » Cette éloquence, qui est la vraie, rappelait à l’auditeur les discours de l’aimable et regretté Pie IX. « Il avait, lui aussi, au plus haut degré, cette science des contrastes qui fait les grands orateurs et les grands artistes. » Le frère Verjus se contente d’écrire : « C’était saintement beau ! » Et il note cette parole charmante de l’évêque : « Les missionnaires du Sacré-Cœur, par le fait même de leur vocation, sont les enfants de l’espérance[1]. »

Une troisième fois, il entendra Mgr Mermillod, à la place Navone, le 3 mars 1883, au jour anniversaire du couronnement de Léon XIII. Le matin, le Souverain Pontife avait envoyé à l’autel de Notre-Dame du Sacré-Cœur un magnifique bouquet de fleurs naturelles. Le soir, il y eut au scolasticat une séance académique en l’honneur du grand Pape. Le supérieur avait invité le cardinal Parrochi ; Mgr Vannutelli, nouvel internonce au Brésil ; Mgr Mermillod, qui venait d’être nommé évêque de Lausanne et Genève ; le vicomte de Maguelonne, corres-

  1. 22 janvier 1882.