Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
PRÉFACE

bollandienne, si admirable qu’elle soit, puisse jamais devenir un livre de lecture courante.

Mais, ne pourrait-on pas utiliser ses richesses incomparables ? Croyez-vous qu’il soit impossible de faire passer dans un ouvrage, relativement court, la substance et la fleur de ces vastes in-folio ? On garderait sur tous les points l’exactitude la plus sévère ; on mettrait à profit les meilleurs travaux de la critique moderne, et de charmants récits s’épanouiraient à toutes les pages, dans la trame d’un style simple, noble et pur. L’œuvre demanderait, il est vrai, d’effrayantes recherches, de longs et persévérants efforts, des soins infinis, une âme d’artiste, un cœur d’apôtre...

Hâtons-nous de le dire, l’œuvre est en train de se faire dans la belle collection de la maison Lecoffre : « les Saints », que dirige, avec tant de compétence, M. Henri Joly, un lettré.

II

Mgr Dupanloup, dans sa lettre célèbre sur « la manière d’écrire la Vie des Saints », disait :

« Avant tout et par-dessus tout, l’amour du saint ; puis une étude approfondie de son âme et de sa vie, dans les sources, dans les documents contemporains : pour cela, le temps et le labeur nécessaires ; puis la peinture de cette âme, de ses luttes, de ce que furent en elle la nature et la grâce ; tout cela tracé avec simplicité, vérité, noblesse, pénétration profonde et vivants détails, de telle sorte que le saint et son temps soient fidèlement représentés... »

« Vivants détails », disait l’illustre évêque. Il y revenait et il insistait :

« Des détails, des particularités, et surtout des paroles, parce que ce sont les paroles qui expriment les âmes : laissez souvent parler le saint lui-même ; sans quoi tout ce qui est personnel et vivant disparaît, et alors tous les saints se ressemblent. »