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A TRAVERS LES OCÉANS

Mélanésie et de Micronésie. Le fondateur de Port-Breton avait voulu conduire les Missionnaires aux frais de la colonie. Les tristes événements de Manille, seuls, les ont arrêtés dans leur course. La colonie a sombré. Les colons ont été dispersés. Les Missionnaires sont errants de vague en vague, à travers les océans, à la recherche de leur Mission. Le Dieu très bon n’a-t-il pas sauvé du naufrage le Chandernagor, pour conduire à Béridni les Missionnaires jetés à la côte par la saisie de la Nouvelle-Bretagne ? Ce qui est certain, — disons-le en passant, — c’est qu’à son tour le Chandernagor sera saisi à Manille et vendu. Dieu avait permis la fondation de Port-Breton en vue de l’évangélisation des sauvages de la Papouasie, abandonnée depuis un quart de siècle. La déplorable administration du gouverneur de la colonie et la mauvaise volonté d’hommes hostiles à la religion ont fait échouer une entreprise qui n’était pas indigne de la France catholique et dont l’Allemagne, à notre défaut, a su profiter ; mais ne peut-on pas dire, en se plaçant au point de vue providentiel, que le marquis de Rays, en conduisant les Missionnaires dans leur Mission, n’a pas manqué son œuvre complètement ?

Le P. Navarre et ses deux compagnons s’embarquent sur un bateau côtier, l’Alexandra : en quatorze jours ils se sont rendu compte de l’état de discrédit où était tombée la colonie. Les Australiens avaient en horreur — c’est le mot juste — tout ce qui, de près ou de loin, touchait à Port-Breton. De toutes parts on tâchait à dissuader les Missionnaires de prendre le Chandernagor. Le consul de France n’était pas le moins ardent à les prêcher. Le secrétaire, qui faisait les fonctions de chancelier, voulait même les contraindre à renoncer à leurs projets de Mission en Océanie : la nouvelle de l’arrestation du marquis de Rays était officielle, et le gouvernement français ne protégerait certainement pas « les aumôniers » de la fameuse colonie. Les Missionnaires répondirent qu’ils étaient envoyés en Mission, non pas par M. de Rays, ni par le gouvernement français, mais par le Pape, et qu’aucune force hu-