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À TRAVERS LES OCÉANS

donner à nouveau à une congrégation ces lointains Vicariats. Comment, en son nom, le Cardinal-Préfet de la Propagande écrivit au T. R. P. Chevalier, fondateur et supérieur général des Missionnaires du Sacré-Cœur, on ne l’a pas oublié. Le marquis de Rays offrait au P. Durin et à ses confrères, à bord de son navire la Barcelona, une place gratuite et quelques autres avantages. Comme la ville où se ravitaillait la colonie de Port-Breton était Manille, dans les Philippines, les Missionnaires devaient se rendre dans cette capitale et par conséquent prendre le bateau à Barcelone. Nous avons assisté à leur départ. Racontons maintenant leur voyage ; nous pourrions dire leur tragique odyssée.

II

Les aventures commencèrent dès le premier soir. Pensant que le consul français de Barcelone mettait des obstacles au départ des Missionnaires, — ce qui ne devait pas être, puisqu’ils étaient envoyés par le Souverain Pontife, non pas seulement pour Port-Breton, mais pour deux immenses Vicariats, — les agents du marquis de Rays prirent eux-mêmes les billets et firent inscrire les cinq passagers sous des noms espagnols, de faux noms par conséquent : Don Pascal, Don Simon Rodriguez, etc. Quand les Missionnaires s’en aperçurent, ils ne cachèrent point leur mécontentement ; mais il était trop tard.

La traversée de Barcelone à Manille fut de trente jours. Pour avoir un instant touché à Singapour où sévissait le choléra, on leur fit subir une quarantaine de trois jours.

À peine débarqués, les Missionnaires cherchent la Nouvelle-Bretagne. C’était le navire qui devait les transporter dans leur Mission ; mais il n’était pas encore revenu de Port-Breton. Ils durent attendre quinze jours. Souvent, dans la journée, ils s’en allaient sur la plage et ils scrutaient l’horizon longuement.

Cependant les journaux s’occupaient fort de la colonie et plus encore peut-être des Missionnaires. De mauvais