Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
L’EXIL

une courbe rentrante[1] ! » Ce qui l’attriste surtout, ce qui même le fait pleurer, ce sont les victoires de la franc-maçonnerie. Toutefois, il est loin de désespérer, et, dans ses vastes pensées, il embrasse le vieux monde européen et les continents qui vont s’ouvrir à la foi du Christ. « Je me recueille souvent pour penser à mes chères Missions où la foi se réfugiera un moment pour revenir ensuite plus forte que jamais, et je sens en mon cœur une joie bien douce, mais un peu mélancolique. O chères Missions, oui, je me dévouerai à votre service pour sauver les âmes de ces infidèles, pour souffrir, pour civiliser et pour mourir ; mais aussi, puisque la crise est inévitable et même nécessaire, pour préparer un asile à la foi qui, pour un moment, désertera notre pauvre Europe. Puis, quand cette insensée, au fond si chrétienne et si catholique, se sera déchirée elle-même et débattue dans les étreintes de la mort, nous reviendrons, nous ou nos successeurs, et nous lui montrerons de nouveau ce crucifix, cette hostie, cette religion enfin autrefois tant aimée et dont elle n’aura plus qu’un vague souvenir[2]. »

Voilà un de ces jaillissements d’éloquence comme on en rencontre assez souvent dans les notes du cher scolastique. On tourne la page, et c’est une exclamation candide et souriante : « Pourvu, écrit-il, que ces légions de Missionnaires qui partent tous les jours me laissent au moins une bonne île, une seule, encore intacte, inabordée, où le sauvage se trouve sans mélange européen[3] !… »

IX

Un mois plus tard, le cardinal Siméoni, préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande, écrivait au T. R.P. Chevalier, supérieur général des Missionnaires du Sacré-Cœur, la lettre suivante :

  1. 19 novembre 1881.
  2. 6 janvier 1881.
  3. 20 février 1880.