Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
L’EXIL

pas m’enchaîner de nouveau[1]. » — « Je perds beaucoup de temps au travail manuel. Qu’importe ! Ce n’est pas pour mon plaisir. C’est la volonté de Dieu. Fiat ! Que le Cœur de Jésus en tire sa gloire et moi mon bien[2] ! »

A tous ces travaux, il ajoutera de faire la chambre du supérieur, lequel est parfois malade : « Je veux la faire le plus souvent possible, dit-il avec un esprit de foi admirable, en grande dévotion[3]. » Au surplus, tout cela lui donnera l’expérience des choses, des personnes et de lui-même. « Je fais tout et veux tout faire dans le but de me préparer à mes chères Missions. C’est là ma vocation, ma raison d’être, mon but, ce pourquoi Dieu m’a créé. Je le sens. J’en suis certain[4]. » — « Mon désir des Missions et du martyre prend un caractère de sûreté qui m’étonne. Je suis surpris de tout ce que j’ose de ce côté-là[5]. »

VI

A chaque fois qu’il le peut, il visite les églises. « Toutes les églises l’attiraient, nous écrit le supérieur ; il ne pouvait en sortir ; il aurait mangé les crucifix, les madones, les corps saints. » Les cérémonies l’enthousiasmaient. Or, l’Espagne est en quelque sorte la terre classique des belles solennités religieuses. Le 8 décembre, fête de l’Immaculée-Conception, « la première fête de l’exil », comme il l’appelle, le canon du fort annonce à la ville la grande fête de la patronne des Espagnes. « La salve a été très imposante. Les canons des divers navires du port ont répondu. Nous ne sommes pas en France, me suis-je dit, et alors ma joie eut quelque chose d’amer, car j’aime la France. » A la cathédrale, à la grand’messe, « ce fut quelque chose de splendide comme chants, cérémonie et assistance. Au Pax

  1. 22 janvier.
  2. 28 décembre.
  3. 17 novembre.
  4. 18 novembre.
  5. 12 décembre.