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L’EXIL

moi. Je vous promets que je ne passerai jamais plus de ces heures inactives et mortes qui doivent tant vous déplaire[1]. »

« Je vais me coucher, portant au cœur un profond sentiment de tristesse que je nommerai tristesse d’impuissance et d’impatience. J’ai vu le monde ! J’ai pensé à mes sauvages. Je les ai souhaités avec une ardeur indicible. Oh ! quand viendront-ils, ces véritables jours de ma vie ! Je ne vis pas ces jours-ci, je végète, au jour le jour, sans but. O mon Dieu, faites cesser cette indécision ! Que je travaille, O mon Dieu ! et que je vous aime ! Demain je vous recevrai encore. Que ce soit pour moi une communion décisive ! C’est la fête de saint Jean, l’apôtre de votre divin Cœur ; j’espère[2]. »

« Ce soir, je suis un peu remis, bien décidé, après avoir fait mon possible pour faire de bonnes études, à n’en faire que de médiocres ; mais je ne veux pas qu’il y ait de ma part ombre de faute. Dieu sait si je souhaite en faire de fortes ! Mes plans, mes désirs, mes efforts de l’année dernière, alors que la bonne volonté était possible, le prouvent. Maintenant, rien n’est possible, à moins de veiller la nuit[3]»

Les Missionnaires du Sacré-Cœur ont ouvert une école : c’est pour lui l’humble commencement d’une Petite-Œuvre espagnole. Il s’y dévouera, comme partout, comme toujours. « Je tâcherai de bien économiser mon temps et de lire un peu la nuit, quand je m’éveillerai, à la lueur de ma petite veilleuse[4]. » L’examen approche. Il s’y prépare de son mieux, non pas tant pour lui que « pour l’honneur de la Société ». Jamais il ne sera prêt : « Mon Dieu, rendez-moi force et courage. Donnez-moi de l’énergie. Le temps me manque. J’en ai besoin et on ne semble pas le comprendre. Mon Dieu, je ne veux pas me plaindre… » Toute

  1. 4 janvier 1881.
  2. 26 décembre.
  3. 22 janvier.
  4. 12 janvier.