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L’EXIL

autre jour, le frère Neenan lui vint en aide. Pittoresquement, le frère Verjus nous le montre à l’œuvre. « Il parvient, dit-il, à faire bouillir le pot-au-feu. Quel triomphe ! La sueur ruisselle sur son front. Je l’admire, tandis que, plus calme, je m’évertue à faire rôtir de petits boudins dans une poêle neuve qui arrive à point. Entre le Père supérieur qui goûte ceci, goûte cela, ajoute ici de l’eau et là du sel. Tout étant prêt, on ose convoquer la communauté. J’étais honteux… Enfin on se contente de tout, en ayant soin de saupoudrer les mets d’un grand esprit de mortification[1]. » Rien n’édifie le Frère comme la joie religieuse avec laquelle les Pères supportent les mille privations inhérentes à une fondation. « Si nous savons souffrir, notre maison a de l’avenir. On voit notre présence et nos affaires bien en noir, c’est bon signe. Quand les hommes n’y voient goutte, Dieu agit. Je suis plein de confiance[2]. »

Les Sœurs de la Présentation, celles de Barcelone, celles de Las Cortès et d’Arenys, plus d’une fois, ont été la providence des exilés. Un jour elles envoient des provisions maraîchères ; un autre jour du linge… Elles s’intéressent surtout à la petite chapelle qui ressemble fort à la grotte de Bethléem. A différentes reprises, le frère Verjus a été touché de leur dévouement, et il a noté « leurs soins attentifs et délicats ». A chaque visite que la maternelle bonté du Cœur de Jésus faisait à ses Missionnaires, il rend grâces. Écoutons-le : « Le samedi, toujours de bonnes nouvelles ! Les âmes du Purgatoire que nous prions tout spécialement depuis quelques jours, viennent de nous faire une belle surprise. Une personne inconnue qui nous avait vus à Santa Maria del Mar (leur église paroissiale), nous envoie une aumône assez forte… Voilà une intervention du Sacré Cœur dans nos affaires temporelles. Je me plais à noter ce fait, parce qu’il me remplit de confiance. Oui, allons en avant ! C’est le Sacré

  1. 16 novembre.
  2. 19 novembre.