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REPRISE DES ÉTUDES


une page à l’admirable chapitre de ses « Moines » : De l’amitié dans le cloître ?

Ces âmes idéales ne sont point faites pour traîner longtemps le poids de leur corps. Il tardait à Jules de s’en aller. Littéralement il avait la nostalgie du ciel[1]. Écoutez ce fragment d’une pièce de vers qu’il intitulait les Joies du Paradis :

Mon cœur veut s’abreuver aux sources de la vie.

Mon âme de mon corps veut briser les liens.

Elle veut s’élancer au sein de la patrie,

Loin des plaisirs qui ne sont pas les siens.

Il entend la voix de sa pauvre mère qui le voudrait retenir près d’elle :

Tu n’es, ô mon enfant, qu’au printemps de ton âge ;

Ta vie est une fleur qui vient de s’entr’ouvrir.

Reste près de ta mère à l’abri de l’orage.

Pourquoi veux-tu sitôt partir ?

Mais lui entrevoit les splendeurs et les allégresses du Paradis :

Mère chérie, adieu ! Le Seigneur me réclame…

Il fait si bon au ciel : ne me retenez pas !

Oh ! oui, je veux partir… Adieu, mère chérie !

Vous me suivrez bientôt dans la cité des saints,

Et là nous chanterons, et Jésus, et Marie,

En nous mêlant aux séraphins !…

Manifestement, la lame, comme dit le peuple dans sa langue imagée, usait le fourreau ; l’âme dévorait le corps. Les progrès du mal ne pouvaient échapper au regard du frère Verjus :

« Jules tombe malade. Ô mon Dieu, venez à notre secours ! Vous savez mes pactes, Seigneur, frappez sur moi. Je chercherai un moyen de conserver ce trésor à notre Société. Cher Jules, je vous aime beaucoup ; ne

  1. Plus tard, en Nouvelle-Guinée, Mgr Verjus, dira de lui-même : «Le désir du ciel me fait pleurer. Le mal du pays me prend. »