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LES DEMI-SEXES

brillaient d’un éclat exceptionnel. Derrière elles, Julien Rival et Michel Gréville se tenaient attentifs.

Toute sa vie Julien devait se rappeler l’heure où, dans l’enivrement de la musique voluptueuse et dans le prestige d’un admirable décor de féerie, il avait senti la petite main de la jeune fille chercher la sienne et la garder dans l’ombre de la loge.

Pendant l’entr’acte, ce fut une procession d’habits noirs : Maurice Chazel, Duclerc, le gros Perdonnet et Paul Tissier vinrent présenter leurs hommages à mademoiselle de Luzac qui avait pour tous un mot aimable et un joli sourire. Les amis de Nina étaient plus nombreux et plus empressés. Les jeunes, après quelques phrases banales, s’en allaient à regret, trop timides encore, n’osant insister ; les vieux prenaient place et débitaient des galanteries.

Ce soir-là, vraiment, Camille était charmante : de ses cheveux doux et fins à ses petits pieds cambrés, elle semblait faite pour respirer l’encens des adorations de tout un peuple d’amoureux. Elle portait une robe de satin ivoire voilée de vieilles dentelles que d’admirables opales taillées en amandes ratta-