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LES DEMI-SEXES

l’air vivifié par l’humidité des ruisselets jasant dans l’ombre, donnaient aux baisers des amants une saveur plus douce et plus pénétrante. Elles s’embrassèrent de nouveau… Et Camille ne lutta plus contre l’obsession qui hantait son esprit et le troublait délicieusement.

Elle se sentait prise comme dans un filet, liée, engourdie dans les bras de la tentatrice qui l’avait conquise, sans qu’elle sût comment.

Cela s’était fait si rapidement qu’elle ne comprit jamais comment elle avait cédé sans lutte, presque sans surprise ; et, le lendemain, quand elle se réveilla, brisée et fiévreuse dans son lit de jeune fille, elle ne regretta rien.

Bientôt Nina lui devint indispensable. Elles se rencontraient chez la couturière, dans les expositions, au coin d’une rue… Camille renvoyait miss Ketty et montait dans la voiture de son amie. Un jour, elles s’arrêtèrent devant une haute maison d’apparence un peu équivoque.

— Où sommes-nous ? demanda la jeune fille.

— Descends et entre sans crainte. J’ai ici un pied-à-terre ; nous serons plus tranquilles…

— Mais…