Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
LES DEMI-SEXES

d’amoureux. Les deux femmes s’amusaient à regarder ces couples enlacés, tendrement unis dans l’impudique confiance de l’obscurité. C’était comme un océan d’amour qui coulait vers les allées discrètes, sous le ciel étoilé et brûlant.

Les amants s’abandonnaient, muets, serrés, l’un contre l’autre, enfouis dans l’hallucination du désir, haletants sous l’attente de l’étreinte prochaine.

Tous ces êtres unis, grisés de la même ardeur éperdue, jetaient sur leur passage une sorte de souffle sensuel et troublant.

Camille soupirait, sans savoir pourquoi, et Nina, un bras autour de sa taille, la serrait tendrement contre elle.

— À quoi pensez-vous, mignonne ?…

— À rien… je suis heureuse.

— Heureuse d’être avec moi, n’est-ce pas, et de sentir les battements de mon cœur ?…

— Oui, heureuse… bien heureuse…

Comme elles arrivaient au tournant qui suit les fortifications, elles se serrèrent plus fort et s’embrassèrent.

Le grand courant des voitures s’était séparé à l’entrée des taillis. Les fiacres s’espaçaient davantage, mais la nuit parfumée des arbres,