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LES DEMI-SEXES

sement, ne furent pas toujours sans danger pour les assoiffées de plaisirs et de liberté. Des témoins dirent ce qu’ils avaient vu, des parents indignés défilèrent à la barre ; la terreur du chloroforme et du bistouri régna momentanément sur les âmes ; car sous les buissons fleuris on retrouva quelques affreux cadavres. D’austères moralistes attaquèrent la puissance du médecin qui, de notre temps, est devenue illimitée comme celle du bourreau, et on s’aperçut — sans chercher, d’ailleurs, à porter remède à cet état de choses — que le médecin seul a le droit d’être fou, sadique, criminel ; de vivisecter, de torturer, de tenailler, d’écarteler, d’épuiser, enfin, les conceptions sataniques de l’imagination la plus déréglée. Quoi qu’il fasse, sa folie sera considérée comme un système et ses hécatombes comme des accidents nécessaires aux progrès de la science. On lui a constitué un pouvoir sans pareil, fait de l’égoïsme, de l’avidité et de la sottise humaines.

Ainsi avait pu prospérer la bande médicale que brusquement la dénonciation de Philippe vint frapper. On étala au grand jour les mutilations innombrables, les assassinats qui impunément s’étaient commis dans la clinique