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LES DEMI-SEXES

C’était une brune au teint presque doré, avec des cheveux luisants, des yeux orangés, mêlés de veines changeantes comme des pierres de Florence, de larges épaules dont les hanches dépassaient encore la largeur. Les sourcils se prolongeaient jusque sur les tempes, comme ceux de certaines asiatiques. L’expression de son visage était, en même temps, passionnée, ironique, sensuelle ; il y avait dans les ailes ouvertes de son nez, aussi expressives que des yeux, une décision suprême comme celle d’une mauvaise action et même d’un crime.

Elle entra lentement avec un sourire à l’adresse de la jeune fille. Sa robe sombre, toute simple, la moulait des pieds à la tête comme un maillot, embrassait amoureusement les formes plantureuses de son corps.

Quand elle fut dans le boudoir, Camille lui serra fortement la main, et, sous le prétexte de lui montrer un coupon de dentelle, l’entraîna dans sa chambre au second étage : une vaste chambre tendue d’étoffes douces, mollement drapées, avec des meubles et un lit laqués vert pâle.

— Eh bien ? demanda madame Saurel quand elles furent seules.

— C’est fait.