Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LES DEMI-SEXES

contemporaines qui ont trop de nerfs pour suivre les sentiers battus de la médiocrité humaine.

Déjà, elle était sollicitée par mille fantaisies contradictoires qui ne s’élevaient pas jusqu’au désir. Sans ardeur, sans entraînement, elle semblait combiner des caprices d’enfant gâtée avec des sécheresses de vieux maniaque.

D’une très ancienne et très bonne famille, la baronne de Luzac s’était donc trouvée, malgré elle, à la tête d’un petit cénacle où se réunissaient des hommes aimables et spirituels. Là, comme dans quelques rares maisons de Paris où l’on a conservé les traditions de la causerie, rien, le soir, ne rappelait l’article du journal, ni le discours politique, ces deux moules si vulgaires de la pensée actuelle.

L’intelligence y brillait en mots vifs, légers ou profonds, et, parfois même, en de simples intonations savamment graduées.

Mais, les gens intéressants ne venaient qu’à l’heure du dîner, et Camille, au milieu des vieilles amies de sa grand’mère, commençait à trouver le temps terriblement long.

Le timbre tinta de nouveau et le valet annonça :

— Madame Saurel.