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LES DEMI-SEXES

— Accablez-moi, dit-il enfin ; je ne méritais pas, en effet, le bonheur que vous m’avez donné. Je ne vous demande qu’une grâce : c’est de ne pas me priver de votre présence.

— Je vais partir, pourtant.

— Partir ?…

— Oui…Ma guérison est loin d’être complète ; les médecins m’ordonnent l’air du Midi, le repos le plus absolu…

— Je vous suivrai partout où vous irez ; il me suffira de vous voir.

Elle eut un mouvement d’impatience.

— Je vous défends de me suivre… À quoi bon ?… puisque je ne vous aime plus… D’ailleurs, vous ai-je jamais aimé ?… J’ai voulu tout connaître de la vie. Aujourd’hui, je suis lasse, désillusionnée, découragée, infiniment triste… Je n’ai pas rencontré ce que je cherchais… Il ne me reste que la honte de mes curiosités et de mes faiblesses !

Il ne trouvait plus la force de répondre, tant sa détresse était grande.

La jeune fille parla longtemps sur le même ton de sarcasme et d’amertume. Après une scène aussi humiliante, chez un être moins sincèrement épris que Julien, l’amour fût devenu impossible.