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LES DEMI-SEXES

des ennemies se serraient convulsivement.

Nina et Camille venaient de placer entre elles une grande fille bien proportionnée qui saisissait l’attention par de vigoureux contrastes. Ses cheveux noirs, largement bouclés, retombaient sur ses épaules. Elle avait de longs cils recourbés et une bouche rouge sensuelle. Son sein, ses bras étaient largement développés, comme ceux des belles filles du Carrache ; néanmoins, elle paraissait d’une extrême souplesse et sa vigueur supposait une agilité presque féline. Elle ne riait pas, s’amusait à peine aux avances de Nina, et, semblable à ces prophétesses agitées par l’esprit malin, éveillait une perverse curiosité. Toutes les expressions passaient comme des lueurs sur son visage mobile ; elle devait ravir les gens blasés, exciter les désirs des intellectuels et des sceptiques, réveiller les indifférents, les incapables et les dédaigneux.

— Tu me trouves jolie ? demanda Camille.

— Non, c’est moi qu’elle préfère ! s’écria Nina.

— Voyons, mignonne, réponds.

— Réponds, reprit Nina, en poussant le bras de la fille.

Et, celle-ci, jouant avec le collier de Camille :