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LES DEMI-SEXES

caresses, de baisers, de voluptés… Chaque jour toute leur félicité leur revenait ainsi en un instant et les possédait, tandis que, côte à côte, baignés de moites chaleurs, ils se souriaient avant de se regarder, renaissaient lentement à eux-mêmes en prenant garde de perdre le dernier battement de l’extase en volée.

C’était une étreinte si douce !… Mi-vêtue, frissonnante encore, les cheveux défaits, elle grignotait les gâteaux qu’il avait préparés. Leurs chaises, bientôt, se rejoignaient ; ils se prenaient à la taille et elle lui tendait entre ses lèvres quelque fruit parfumé. Sa bouche humide fuyait Julien, l’attaquait et le fuyait encore. Enfin, près d’être prise, elle appuyait sa joue à la sienne, et, lentement, dans un baiser partageait son butin.

Ces insatiables délices emplissaient tout le petit appartement. À peine si leur paradis était assez vaste pour leur amour et le monde assez loin pour leur bonheur ! Rien, autour d’eux, qui ne fût eux-mêmes, nul regard entre leur regard, nulle voix entre leur voix.

Au dehors, le mauvais temps, les jours sans lumière où le soleil semble noyé dans un étang bourbeux, les pluies glaciales et le vent