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LES DEMI-SEXES

lancéolées dans les quatre coins de la pièce, montaient presque jusqu’au plafond ; des deux côtés de la cheminée, d’autres plantes mettaient une note vivante et gaie. Aucune couleur vive ne frappait ; on se sentait entouré de choses douces et inquiétantes, cependant.

Tour à tour, les femmes qui attendaient se levèrent et passèrent dans le cabinet du docteur. Leur visage ne trahissait nulle émotion, mais Camille remarqua que leurs yeux fiévreux avaient de larges cernures sombres, que leur démarche était languissante, leurs mains agitées d’un léger tremblement. Quand le médecin ouvrit la porte, une dernière fois, pour lui faire signe, miss Ketty s’était endormie, et la jeune fille quitta le salon, à pas furtifs, avec un grand battement de cœur.

La chambre où elle se trouvait ne différait pas sensiblement de l’autre. On y retrouvait les mêmes sièges bas, les mêmes tentures ; on y respirait le même parfum étrange et pénétrant.

Richard examinait curieusement sa cliente, attendant une explication.

Elle commença, très troublée :

— Je viens de la part de… de madame Saurel.