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L'ANARCHISTE

geois pourront à l’avenir reposer en paix. Leur implacable ennemi est sous les verrous. Plus de troubles, plus de complots, plus d’explosions ! Il y a longtemps, Monsieur, que je n’ai pas bu ma fine avec une aussi noble fierté !

— Vous avez donc accompli un prodige, père Chafoin ?…

— Je m’en vante ! tous les pipelets des environs vont en crever de rage !

— Parlez vite, je vous écoute avec recueillement.

— Oh ! vous pouvez me tendre la main comme à un sauveur de l’humanité !… Je crois, sans orgueil, que j’ai bien mérité de mes concitoyens.

— Enfin, de quoi s’agit-il ?

— Voilà. Faut vous dire, d’abord, que, depuis les méfaits des anarchistes, j’étais toujours sur mes gardes et que personne n’entrait dans la maison sans avoir passé sous mon œil soupçonneux. Je vous réponds que les petites bonnes qui faisaient passer des galants en cachette ont toutes obtenu leur congé. Plus de soi-disant philanthropes, plus de canailles, plus de vermine dans l’immeuble, tout est net du haut en bas !

Je ne relevai pas ce que cette déclaration pouvait avoir d’offensant pour mes anciennes accointances. Le concierge, n’ayant plus de pourboire à attendre de ma munificence, ne craignait pas