Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
L’ÉTOILE DOUBLE

compagne, comment peux-tu me croire assez insensé pour perdre tant de biens ?… Non, le vieil homme est bien mort en moi, je n’existe que par la volonté d’un Dieu clément, comme tout ce qui m’entoure, et la splendeur de cette étoile est telle que jamais mon imagination n’aurait osé en concevoir le plus faible reflet… Corps immonde qui trop longtemps as comprimé mon âme, reste au sépulcre ! Que tes os et tes muscles soient la proie des larvés libératrices ! Que le regard du passant se détourne de toi avec horreur !… O vie terrestre, vie infâme et meurtrière, je te hais, je t’insulte, je te méprise ! Et vous, mes anciens frères qui avez aussi bu le sang et mangé la chair des animaux à peine moins intelligents que vous, vous qui avez combattu pour une poignée d’or et répandu partout le mensonge et la misère, je ne trouve pas de termes assez véhéments pour vous maudire ! Race abjecte qui rampes en tous lieux, empoisonnes les vallées et les bois plus sûrement que les pires fléaux, tu périras par toi-même, tu te rongeras, n’ayant plus rien à détruire et tes cadavres sans sépulture infecteront la terre agonisante…

Mais la chimère ferma à demi ses yeux glauques.

— Mon fils, dit-elle, tous les mondes ont leurs parasites. Lorsque tu seras soleil à ton tour, tu