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RÉINCARNATION

enfant, et rien dans la vie ne saurait les rompre.

La marquise enfermée, dans son coupé, sanglotait éperdument, et criait qu’on voulait lui cacher quelque chose, qu’un malheur planait sur elle, qu’elle le sentait, qu’elle en était certaine. Mais Bérengère lui souriait et la rassurait.

— Que craignez-vous pour moi ? Ne m’avez vous pas toujours vue pleinement satisfaite ?… Croyez-vous que je pourrais feindre à ce point pour vous donner le change ?… Non, non, ma mère, partez sans crainte. Ghislain m’aime, et jamais l’ombre d’un nuage ne s’est élevée entre nous.

Quand la vieille dame fut partie, les époux retournèrent dans leur retraite.

— Je ne sais ce que j’ai, disait Bérengère, en suivant les allées ombreuses, ma pensée m’échappe maintenant, pendant de longues heures. Une métamorphose physique s’opère aussi en moi. Ne te semble-t-il pas que mes cheveux sont plus clairs, que mon corps n’est plus le même ?…

— En effet, tu ressembles maintenant à Djalfa.

Mais elle poussa un grand cri.

— Ne dis pas cela ! Ne dis pas cela !… J’ai peur. Oh ! ton regard est cruel, que veux-tu donc ?

— Je veux que la ressemblance soit complète ; je veux que la morte ressuscite en toi !

16.