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RÉINCARNATION

tées, dans une épouvantable expression d’horreur et de souffrance, les lèvres tordues sur l’émail des dents. Un peu de sang coulait sur son col et faisait une petite flaque sur le tapis.

Il s’élança, et la soulevant dans ses bras, il chercha à la ranimer ; mais elle était glacée, raidie déjà par la mort. Sur le corps pas une trace de blessure.

Pourtant, des gouttelettes rouges restaient figées dans les cheveux qu’elles collaient en petites mèches dures. Ghislain les écartait et ne trouvait rien.

Tout à coup, ses doigts rencontrèrent un obstacle, un clou d’or brilla dans la toison blonde. Il voulut le prendre, mais le sang coagulé tout autour l’avait pour ainsi dire incrusté dans les cheveux. Au comble du désespoir, tremblant de tous ses membres, il saisit une seconde fois la petite boule brillante, et l’ayant tirée avec quel que peine, une longue épingle sortit de la tête de Djalfa, une épingle qu’il ne lui connaissait pas, et qui pourtant n’avait pu appartenir qu’à une femme.

Mais qui donc alors était la, dans le lit, à ses côtés ? Qui donc lui avait, durant toute cette nuit, prodigué d’ensorcelantes caresses ?

Ghislain, le front inondé d’une sueur froide, tourna ses regards de ce côté, et recula, soudain, comme si un serpent l’eût piqué.