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UNE VENGEANCE

Dès qu’elle l’eut vu, elle chancela et fit un pas en arrière comme pour rentrer dans le château. J’entendis ce mot qu’elle gémit faiblement : Mon mari !

» Mais l’homme qui était grand et fort lui lia un mouchoir sur la bouche, et l’emporta en courant.

Je n’ai rien vu de plus, Monsieur, j’en atteste le ciel ! ce qui suivit est tellement extraordinaire que je me demande à tout moment si je ne suis pas le jouet d’une hallucination :

» Mon maître, après de terribles crises de désespoir, me paraissait plus calme, presque raisonnable. Il avait l’intention de parcourir la France, l’Espagne et l’Italie pour tâcher de retrouver les traces de sa compagne qui, jadis, avait habité ces trois pays. Ses préparatifs de départ étaient terminés ; mais par une sorte de pressentiment, il différait de jour en jour l’exécution de son projet. Habitué à ses bizarreries, j’obéissais sans mot dire, pensant que madame Bérénice reviendrait bientôt rendre la vie et la joie au vieux logis.

Un matin, comme je me préparais à sortir de ma chambre, j’entendis un grand cri qui semblait partir de l’appartement de mon maître. J’accourus, ainsi que la vieille bonne, et je le trouvai évanoui avec cette horrible statue au pied do son lit. Com-