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UNE VENGEANCE

» Je pleurai, je sanglotai, faisant retentir les échos de mes appels désespérés. Tout à coup Clairon se mit à hurler d’une façon lamentable et continue ; je le détachai, il partit comme un trait dans la direction des bois. Une maisonnette de garde se trouve à deux kilomètres d’ici : le chien semblait s’y rendre, précipitant ses aboiements, tout le poil hérissé, le museau baissé vers la terre, comme suivant une piste. Nous arrivâmes bientôt, et je frappai contre les volets qui étaient clos. Une voix ensommeillée me répondit, et la femme du garde, vêtue à la hâte d’un jupon vint m’ouvrir. Clairon hurlait avec une furieuse obstination : je demandai en tremblant si madame d’Ambroise n’était point dans le logis. Mais, ces gens ne l’avaient point vue ; ils semblaient hébétés, me regardaient sans comprendre.

» Je repris le chemin du château, dans l’espoir que Bérénice serait rentrée pendant mon absence, et je me pénétrai si bien de cette idée, que je me mis à courir, sans me préoccuper davantage de Clairon qui était demeuré dans la cabane du garde, et n’aboyait plus.

» De loin, je vis Porto debout sur le perron.

— » Où est Madame ? lui criai-je impétueusement.

— » Mais, je l’ai laissée dans la bibliothèque, il